20 janv. 2017

Lecture: Les Ombres (BD)






Hyppolyte & Vincent Zabus
Phébus
174 pages
Récit, Onirisme, Fantastique, Exil

(Quatrième de couverture)
Une salle d'interrogatoire à la lumière crue. Une chaise, un bureau. C'est dans ce décor dépouillé que l'exilé n°214 voit son destin se sceller. Au terme d'un long périple, tête baissée, dos voûté, il demande l'asile. Poussé à l'aveu, il doit, pour obtenir le précieux sésame, revenir sur son passé et sur les raisons qui l'ont contraint à l'errance.



J'ai découvert cette BD totalement par hasard: ce midi, au CDI de mon lycée, je n'avais pas trop envie de me plonger dans Erasme -pourtant fort intéressant mais, comment dire? Un peu lourd à digérer. J'avais 40mn devant moi, j'étais assise à côté des BDs, alors j'ai commencé à les passer en revue. J'ai lu d'abord celle-ci, puis, dans une dernière tentative, le bac visé étant derrière moi, j'ai chopé celle-là. Grand bien m'en prit.
J'ai lu rapidement le résumé, sans en prendre vraiment conscience, sans le comprendre vraiment. J'ai commencé cette BD sans saisir vraiment le propos: dans les premières pages, un garçon portant un masque est assis sur une chaise, face à une table et un homme gros et grand. Il raconte son histoire, enfin essaye, et il entend des ombres, visiblement de ses proches défunts.

J'ai rapidement compris quel était le sujet: le parcours de deux enfants (adolescents), qui traversent un pays dans l'espoir d'en rejoindre un autre. Une histoire de migrants. On suit donc ce frère et cette sœur, dont on  ne connaît ni le nom ni le visage (comme c'est le cas pour la plupart des personnages).
Cette BD m'a énormément touchée. Je suis tombée amoureuse des graphismes, très charbonneux. Les pages pouvaient être autant très simple et en noir et blanc que foisonneuses (ce mot existe-t-il?) et en couleur. Souvent, elles adoptaient une dominante colorée selon le récit: ocres, couleurs de l'aurore, gris bleutés...
Bien sûr, l'anonymat des personnages renforce encore d'avantage l'émotion, puisque ce pourrait être n'importe quel migrant; et le fait qu'on ne connaisse que le visage du "recueilleur de témoignages" est très significatif: grand et gros, il est l'image des pays riches. La fin est à la foi pleine d'espoir et très triste (et donc d'autant plus poignante) puisque (spoil: surligner avec la souris) le frère est arrivé, mais seul, sans aucune famille ni amis vivant.e.s; on lui dit que son dossier sera traité le plus tôt possible, et la dernière image est le centre où il est "détenu" et dont on comprend bien qu'il ne ressortira pas de sitôt
Vous l'avez compris j'imagine, Les Ombres a été un énorme coup de cœur auquel je ne m'attendais absolument pas. Comme quoi, ils peuvent surgir de n'importe où ;)


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