17 août 2014

Lecture: La décision

Couverture : La décisionAuteure: Isabelle Pandazopoulos
Editeur: Gallimard
Collection: Scripto

Résumé: Louise a 16 ans. Au milieu d'un cours de math, elle fait un malaise puis accouche dans les toilettes de son lycée d'un bébé dont elle ne savait rien, qu'elle n'a pas attendu, encore moins désiré, elle qui n'a jamais eu de rapport sexuel. Pourtant, cet enfant est le sien, elle l'a mis au monde. Alors qui es le père? Comment accueillir ce bébé? Louise entre dans un chaos de pensées et d'actions, en essayant tant bien que mal, car elle n'a pas l'instinct maternel, de s'occuper de son fils.

Mon avis: Ce livre m'a ébranlée au plus profond de moi. L'auteure, qui m'était inconnue, m'a montré un talent d'écriture inouï. Les pensées de Louise, par exemple, nous sont rendues avec une étonnante clarté et en même tant une extrême confusion: les phrases n'existent pas, ce ne sont que des bouts de phrases, même pas des propositions (désolée pour les notions de grammaire :) pourtant basiques). Louise est abasourdie, et ça se sent. Elle ne veut pas de ce bébé, pour elle ce n'est qu'un étranger, il dérange. Son déni de grossesse la bouleverse, elle ne comprend pas. Voilà, c'est ce qui pourrait résumé ce livre: l'incompréhension. Celle de Louise, mais aussi des parents: où est passée leur fille modèle, belle, intelligente, obéissante et sans heurts? Celle des copains, un peu la même que celle des parents: pourquoi Louise cherche-t-elle à protéger son copain, ou.... son agresseur? Elle qui n'a jamais eu de problèmes, pourquoi ?
C'est un livre magique que (qui?) nous révèle Isabelle Pandazopoulos. Le déni de grossesse, souvent tabou, y est exploré, avec beaucoup de douceur car chacun des personnages, aussi insignifiants soient-ils, raconte l'histoire selon leur point de vue. Un livre qui laisse songeur et retourné, à lire à tous prix.

Extrait:
Quand on est arrivés devant les toilettes, j'ai dit à Samuel de rejoindre ses camarades de classe. J'ai fermé cette porte et je me suis approché.
J'ai d’abord vu sa main qui gisait inerte sur le sol et dans son sang. J'ai repoussé aussi loin qui j'ai pu la panique que j'ai sentie monter, j'étais pris de vertiges, j'ai sorti le petit canif que j'ai toujours sur moi et je l'ai glissé dans la chambranle de la porte pour faire sauter le loquet. Je n'arrêtais pas de parler, de l'appeler, de lui dire de ne pas s'inquiéter, que je m'occupais de tout, je m'entendais respirer, souffler, mon coeur cognait dans la poitrine, dans ma tête, mes mains tremblaient contre ma volonté. Il m'a fallu enlever la porte des charnières, le corps de Louise bloquait l'entrée. Je l'ai fait, je l'ai posée dans un coin, je me suis retournée et puis j'ai vu.
Cette petite chose qu'elle avait sur son ventre.
Un bébé.

 Thèmes: Famille, épreuve, décision, déni de grossesse

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